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Cécile Wonders Why

Chroniques futiles d'une spectatrice professionnelle de la folie humaine. Avec aussi des découvertes culturelles, des dessous du show-biz, des interviews et de l'amour !

Un métier, des préjugés : Le barman !

Un métier, des préjugés : Le barman !

Ces gens, vous les côtoyez occasionnellement ou régulièrement, vous en avez entendu parler, vous pensez en savoir beaucoup sur leur métier car vous les voyez à l’œuvre et vivez à côté d’eux. Et pourtant…

Quel métier pourrait être plus porteur de clichés que celui de barman ? Souvent déclencheurs d’une mystérieuse aura attractive pour les femmes, mais aussi pour les hommes, tels les détenteurs de leur breuvage magique, les barmans peuvent faire rêver certain-es. Alors que d’autres, prêtant davantage attention à la facilité d’accès et le faible salaire qu’il offre (la plupart du temps), auraient plutôt tendance à dénigrer cette profession.
Ce qui est sûr, c’est que toutes ces idées véhiculées (fondées ou non) sur le barman valaient le coup qu’on s’y intéresse de plus près et qu’on les interroge, eux.

Voici donc l’interview croisée de deux barmans toulousains : M, 23 ans, barman à plein temps depuis 5 ans, aujourd’hui en service dans un bar à rhums réputé. A, 30 ans, barman devenu gérant d’un pub réputé.

Bonsoir messieurs les barmans et merci de répondre présents à cette interview ! Pour commencer, je vais vous donner les préjugés que j’ai le plus entendus autour de moi à propos de votre profession. Vous avez l’opportunité de les contredire ou de les confirmer, selon votre expérience et celle de vos collègues ! C’est à vous !

Préjugé n° 1 : Un barman est un collectionneur de minettes.

M : C’est vrai que ce préjugé existe, mais il ne faut pas faire de généralités. Moi, j’ai plus souvent été en couple que célibataire en étant barman, donc ce n’est pas mon cas. Et puis même si j’étais célibataire, je n’ai pas besoin de ça, je trouve les filles quand je sors. Après bien sûr, j’en connais qui effectivement en profitent car ils ont plus d’occasions. Le fait d’être derrière un bar et d’être celui qui sert, ça dégage un certain pouvoir pour certaines, qui doit être attirant. Le fait de se faire draguer incite aussi à la consommation, c’est pour ça qu’on met du temps à les rembarrer (rires)! Ca fait partie du métier, on t’apprend ça à l’école d’hôtellerie, par exemple. Bon, si elle est trop insistante, tu as le droit de lui dire stop (rires).
A : C’est la même chose pour moi, j’ai toujours été en couple. Mais j’ai eu des collègues, ou des amis barmans qui repartent avec une fille différente tous les soirs. Après c’est vrai qu’on a beaucoup d’occasions. Il y a encore une fille l’autre jour qui m’a dit qu’elle avait un vrai fantasme envers les barmans. Et effectivement, je pense qu’il existe chez certaines filles.

Préjugé n° 2 : Un barman est un mec qui n’a pas fait d’études, qui du coup n’a pas inventé la poudre.

M : C’est vrai que les gens pensent ça, que c’est un boulot que tu fais par dépit. Mais pour ma part, j’ai eu envie de faire ce métier très tôt. J’ai donc fait une école d’hôtellerie, j’ai appris la confection des cocktails, des bières, je fais encore des concours, c’est vraiment une passion. Mon but, c’est d’ouvrir mon propre bar un jour. Sinon, c’est sûr qu’il y en a qui sont moins passionnés, ou qui n’ont pas du fait d’études, car c’est un métier qui ne nécessite pas de diplôme.
A : Je suis arrivé là par hasard, je cherchais à payer mes études de langues, et être indépendant de ma famille. J’ai trouvé ce job car une amie y travaillait. J’étais employé au début à mi-temps. Puis, j’avais du mal à concilier ce boulot et mes études. Finalement, comme j’aimais beaucoup ce travail et que je n’avais pas de projet précis, j’ai décidé de faire ça à plein temps. D’autant plus qu’on m’a proposé d’évoluer rapidement : le poste devenait encore plus intéressant et le salaire avec. J’ai été formé à Paris dans différents bars de la même chaîne, c’est comme une école au sein de l’entreprise en fait. C’est un métier qui est certes accessible à tous : je suis convaincu que tout le monde peut le faire. Par contre, c’est difficile, il faut travailler dur, et ça, les gens n’ont en ont pas toujours conscience.

Préjugé n°3 : Un barman, c’est un mec qui est addict à la boisson.

M : Quand j’étais plus jeune, je buvais beaucoup en soirée, mais je me suis calmé. L’âge y joue probablement, mais c’est aussi dans mon travail de voir les gens se mettre dans des états lamentables qui m’a calmé. Personnellement, je ne bois pas au travail, mais j’en connais qui le font, et qui boivent tous les soirs. C’est vrai que pour nous, sortir et boire après le boulot c’est une façon aussi de décompresser, de se retrouver entre collègues.
A : J’aime boire, comme tout le monde, après, j’ai passé l’âge de me mettre des mines. Pour moi, il y a bien d’autres façons de s’amuser que ça ! L’environnement de notre travail est certes propice à la consommation, c’est tentant : les bouteilles sont là, on peut se servir après le service pour décompresser, et sortir ensuite. C’est aussi un moyen de relâcher la pression. Après, avec l’âge tu connais tes limites et tu bois moins !

Arrêtons avec les préjugés maintenant et poussons la discussion plus loin. N’est-ce pas frustrant de travailler dans un endroit où tout le monde fait la fête, alors que toi tu travailles ?
M : Je ne dirais pas que c’est frustrant car j’adore mon travail, et ce côté-là en fait partie. Juste, je préfère quand mes potes ne sont pas là, car là, j’ai envie d’être avec eux, plutôt que de travailler.
A : Tu sais, j’ai une super équipe et on rigole beaucoup en travaillant, il y a une très bonne ambiance. Donc je m’amuse aussi, même en travaillant, c’est vraiment un kif. Ce qui est frustrant quand tu es plus jeune, c’est plutôt les horaires. Car tes potes ont des horaires de bureau, et toi tu travailles pendant qu’ils sont disponibles pour sortir et s’amuser, partir en week-end. Mais ça fait partie du boulot, tu apprends à faire avec. Moi je sors le mercredi par exemple, y’a moins de monde, c’est sympa aussi.

Justement, est-ce que vous avez toujours envie de sortir dans des bars, alors que vous y travaillez déjà ? Vous n’avez pas envie de sortir de cette ambiance un peu ?
A : Ce qui est pénible, c’est surtout le monde, le bruit. C’est pour ça que je te dis que j’apprécie de sortir en semaine. Effectivement, quand tu finis un service, et que tu veux décompresser juste après, tu apprécies moins les endroits où il y a beaucoup de monde.
M : Pour moi aussi, c’est surtout le bruit et le monde qui sont le plus dérangeant, quand tu en sors déjà.

Revenons-en avec l’alcool. Vous êtes exposés constamment à des clients qui boivent, est-ce que ce n’est pas pénible à force, de travailler avec des gens sous cette emprise ? Qu’est-ce que vous avez constaté d’intéressant concernant les gens et leur rapport à l’alcool ?
M : C’est une vaste question. D’un côté, c’est marrant de voir comment les gens évoluent au fur et à mesure de la soirée. Ils arrivent sobres, et repartent bourrés, et l’alcool les changent parfois du tout au tout. Même dans leurs rapports avec nous. En fin de soirée, ils te parlent comme si tu étais leur meilleur pote, t’invitent à leur soirée après. Mais au final, tu n’en entends plus parler après, car le rapport est uniquement basé sur l’alcool.
C’est dommage aussi que les gens ne se lâchent pas du début à la fin, ne soient pas plus sociables tout de suite. Enfin, le côté imprévisible des gens sous alcool peut être
difficile à gérer.
A : Effectivement, c’est toujours marrant de voir les gens évoluer au fur et à mesure qu’ils boivent. Après, quand les gens gèrent mal tout ça, ça peut devenir un des côtés fatigants du métier : gérer les bagarres, les gens qui vomissent, faire sortir les gens qui vont toucher les fesses des serveuses parce qu’ils sont saouls… Heureusement, les clientes sont plus respectueuses avec nous (rires). Mais le paradoxe tu vois, c’est que finalement, c’est plus ou moins à cause de nous que ça arrive, car c’est nous qui leur servons à boire. Il y a toujours la culpabilité après de se dire « Si je ne lui avais pas servi les deux derniers verres, on aurait pas eu cette bagarre ». C’est un côté du métier difficile à gérer.

Vous pouvez refuser de servir quelqu’un ?
A : Oui, bien sûr. Après, on fait ça au cas par cas, suivant l’état de la personne. Le regard est important souvent, pour savoir si la personne se gère encore ou pas. Mais on peut avoir des amendes pour avoir servi des verres de trop. Si la personne a un incident après, le bar peut être tenu pour responsable.

Quels sont les côtés négatifs de votre métier, en plus de ceux déjà cités ?
M : J’adore le contact avec les clients, mais c’est aussi ce que j’aime le moins bizarrement (rires). Je trouve difficile à gérer cette notion de distance et de proximité qui s’entremêle constamment. Parfois aussi, c’est dur de « faire semblant » tout le temps, d’être constamment en représentation, comme une vitrine : d’être souriant, poli, même si tu as des soucis.
A : C’est un travail difficile, on ne compte pas les heures, il faut prendre le rythme, qui est fatigant. On se couche vers 4-5h. Quand tu es barman, tu n’es pas bien payé, il faut le dire aussi. Après, j’ai du mal avec l’idée qu’on participe en quelque sorte à l’alcoolisme de certaines personnes. Il y a un client, il vient tous les soirs, il se prend 5 pintes et il repart, tout seul. J’ai toujours peur qu’il ait un accident en partant. Je ne peux pas lui refuser non plus, c’est un client régulier… Mais ça me pose sincèrement des problèmes de conscience, même si ça fait partie du jeu.

M tu nous as déjà parlé de ce que tu aimais dans ton travail, que peux-tu en dire, A ?
A : La relation avec les clients avant tout. Pour moi, c’est comme si j’étais chez moi et que les gens me rendaient visite, je les accueille. Dans notre pub, on est super accessibles, on prend le temps de discuter avec les gens. J’adore l’ambiance de mon équipe, on s’entend vraiment bien, c’est une équipe jeune. La chaîne fait en sorte que tout soit bien organisé, que toute l’équipe se sente bien.
En tant que gérant, ce que j’aime, c’est le salaire, qui est plus avantageux que quand j’étais barman ! J’aime aussi le challenge de former des jeunes, de faire en sorte qu’ils évoluent, progressent, se sentent bien et restent avec nous. J’aime leur donner de
s responsabilités.

Qu’est-ce que ton métier t’a apporté personnellement ?
A : C’est un métier très formateur. J’ai beaucoup appris sur le management, à gérer l’autorité, l’organisation. Je suis devenu plus autonome. J’ai appris en discipline sur moi-même aussi, il a fallu que j’arrête la procrastination ! (rires) Je suis devenu ambitieux, ce que je n’étais pas en étant étudiant. Enfin, je me suis fait de très bons amis.

Qu’est-ce que vous avez appris, grâce à votre métier, sur les gens en général ? Ce qu’ils aiment, ce qu’ils sont…
A : tu sais, il y a des gens bien et des cons partout. Parfois, les gens nous traitent comme de la merde, claquent des doigts pour nous solliciter, ne disent même pas bonjour.
Sinon, j’ai remarqué que les gens aiment les choses gratuites, les attentions, surtout à Toulouse. Ils aiment être reconnus e
n tant qu’habitués.

Enfin, qu’est-ce que vous auriez envie de dire aux gens qui se font des idées sur votre métier ?
M : Les gens ont tendance à croire que ce n’est pas un vrai travail, alors que ça l’est, et que c’est parfois difficile. Même si tout le monde peut le faire, il y a des contraintes.
A : Les gens pensent souvent ça, que c’est un métier facile. Les jeunes que je reçois en entretien me disent « Ouais, c’est cool comme job, y’a une bonne ambiance ». Mais il faut savoir aussi qu’on a des longs moments de rush, qu’il faut assurer et tenir le rythme quand le bar est rempli. Et que quand c’est fermé, on doit encore rester une heure pour tout nettoyer et ranger. Il y a beaucoup plus de choses à faire dans un bar que ce que les gens voient réellement.


Merci mille fois à vous pour le temps accordé et pour vos réponses !

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